LE PARLÉ À PLAISANCE
Plusieurs recherches ont été effectuées sur la langue locale, notamment avec le Glossaire du vieux parlé de Plaisance constitué par Louis Germaneau en 1979. Il a été publié en 1992 par les Amis de Plaisance avec la collaboration de Pierre et Suzanne, Monmond et Anne-Marie Hebras.
Le parlé de Plaisance prend sa source dans la rencontre entre la langue d’Oï et la langue d’Oc.
Aperçu du vieux parlé de plaisance publié dans le bulletin N° 2 des Amis de Plaisance aux pages 5 et 6. Le texte est retranscrit dans son intégralité sans aucune corrections. Voir les bulletins des Amis de Plaisance…
Avertissement : vous trouverez dans les exemples accompagnant lexique quelques expressions grivoises. Le langage de nos anciens ne manquait pas de truculence et il serait dommage de laisser de côté cet aspect important de notre parler. Au demeurant ces expressions ne ment pas d’un solide, humour et avec de l’humour, cette merveilleuse qualité de l’esprit, on peut, nous semble-t-il tout dire.
ABRICHER : couvrir, abriter, ‘‘faurait abricher ton saléri crainte qu’ou gèle’’
ABEURNONCIO : variété de diable, de démon, qui semblait à Plaisance, particulièrement virulente. ‘’Abeurnoncio de drôle !’’ L’expression semble tirer de la formule latine, prononcée au baptême : Satan ab renuncio (renoncer à Satan). A Plaisance, vers 1930, un journal satirique, intitulé LE DIABLE AB RENNUNCIO et réserve un groupe d’amis, était édité pendant les vacances à un seul exemplaire manuscrit. Rémi Debias, fin et délicat humoriste étaient l’un des réducteur. Il était lu en gros où passait demain en main.
ABIYAGE : saindoux, beurre, huile destiné à la préparation des aliments. Les mauvais esprits, l’employait, non, sans humour, dans un sens grivois : ‘’emparer son abiyage’’pouvait arriver à un garçon trop entreprenant avant la réussite complète de ses désirs.
ABOUNEZIR : Rendre meilleur. ‘’L’abiyage abouzissait la ragougnasse de pommes de terre.’’ Même terminaison dans APPROPZIR, rendre propre.
ABOUTOUNER : boutonner. ’’T’aboutouneras pas ta braguette, saloperie de drôle !’’
ABRAMI : altérer, moitié, mort de soif. Se rapproche d’ACHALE fatigué de chaleur.
ACCOTER : soutenir, supporter. ‘’Y va accoter t’chi Mar de pouérier pour pas qu’il s’casse la margoulette.’’
ACCOUBIER : accoupler. On accoubiat les bœufs avec le joug. ‘’In houne et ine fumelle étiaians ben ou mal accoubiés.’’
ACCRERE : croire. ‘’Il a ben enseyé d’mou faire accrère t’chi grand chéti.’’
ACCROCHTOUERE : objet (Pointe, piton, portemanteau…) où l’on peut accrocher. ‘’Pend don ma dvantière à l’accrochtouère. ‘’
ADJUSER : aiguiser. Appartenant à José et à la Thérèse Duprat, la petite maison vétuste qui se situait à côté des douches actuelles en face de l’ancien café LANNEAU, tu habitais vers 1920, pas un infirme boiteux, surnommé BLOT. Il avait l’un des entrevues avec Marie-Charlotte. ‘’Nous autres les drôles, n’boulitians par le trou d’la marée’’. il faisait sombre à l’intérieur, et on ne distingue pas grand-chose. Par contre on pouvait parfois entendre la Marie-Charlotte se plaindre de son partenaire : Ah quêtes malipot aneu. après que chacun de nous, à tour de rôle, eu risqué un œil au poste d’observation, toute la bande repartait en chantant :
Adjuse, adjuse mon couteau Pour couper la couette à Blot.
ADJUYE : aiguille, timon de charrette à boeufs. une des énormes ‘’tournures’’ que les jeunes pratiquaient les soirs d’assemblée consistait à enfiler l’adjuye d’une charrette dans un poué, ça n’était pas commode. Mais quand la charrette était bien posée, le cul en l’air, sur la margelle du puits, c’était une drôle d’histoire pour la sortir de là.
ADJUYER : aiguillée de fil et aussi longue baguette d’une pointe servant à ‘’toucher’’ les bœufs. On dit également un aiguyon.
AFFEURDILLE : être frissonnant de froid. Le remède : ‘’un fagot d’épines blanche dans la chumnée pour faire une bonne bondouelle.’’
AFFIGER : élever un enfant ou un jeune animal.
AFFUTHIAUX : outils, instruments, divers, pièces, vêtements, bijoux, sans grande valeur :
Guette la don qu’à sorti tous ses affûtiaux ! O veut péter pu y’aut qu’son cul ! Peut aussi s’entendre dans un sens grivois pour dés, certaines pièces de l’anatomie masculine.
AIGUAIL : rosée. Râpe l’aiguail : ce donner à quelqu’un qui boit en entraînant la jambe.
AISI : facile, aisé. ‘’Oul est pas aisi d’faire avancer ine Bardin q’à envie d’arculer. ‘’
ALUGE : fruit de l’alugier (alisier), arbre de la même famille que le Cormier. ‘’On ne risque pas de salir son fond de caneçon en bouèvant d’la piquette aux cornes’’ (réputé pour être astringente).
ALVERT : gros lézard vert. ‘’ Theille droillère a l’est pu chétie qu’un Alvert ! ’’
AMBOUNI : nombril.
AMIGNOUGNER : flatter en vue d’obtenir ce que l’on désire ‘’ Theille bon dieu de drôillere y’ai y’eu beau l’amignougner a’l a vlu ren savouère ! ‘’
ARAIGNE, ARANTELLES : araignée, toiles d’araignée araignée. ‘’ Y’ai abattu les arantelles. ’’
ARBELUTES : éblouissement, étourdissement rapide. ‘’ Couillon ! I m’seu enfargé dans ine éronde, y’ai tombé la tête su un chail, ou m’en a fait vouère des arbelutes ‘’(Voir 36 chandelles).
ARCHAIL : fil de fer, mais surtout fils de laiton. Le fil d’archail était avant la myxomatose, une cause écologique de mortalité chez les lapins de garenne. Au lieu de froumer les yeux des lapins avec yeur saleté de pourriture, l’arint mieux fait, semble t’il, de froumer les yeux sur l’activité des spécialistes du fil d’archail.
ARICOTHIER : celui qui n’est pas franc en affaire, chicanier. ‘’ Ti parles d’in aricothier ! Ou l’a flu pu d’ine heure pour s’entende su l’prix d’thio goret ! ’’
ARROUNI : À moitié endormi, assoupi souvent par faiblesse. ‘’ Tcho pauve vieux, il l’est trouvé tout arrouni au coin d’son feu. ‘’
ARTENIR : retenir, se retenir. Un ‘’artint pis’’ est naturellement, un soutien-gorge.
ARTIGNOLLES : doigts de pieds. Méfie-tou, o va cheur, ti fra ben d’virer tes artignolles.
à suivre…