Du XVIIIe siècle, de 1700 à 1800, sont conservés des archives principalement autour de la vie religieuse locale, de la paysannerie et de la Révolution française qui apporta de grands changements. On trouve encore :
- Les recensements, les premières dispositions régissant la localité, la vie agricole, …
- Les pratiques économiques, les métiers, …
- Les premiers pas de la vie municipale.
Grand hiver 1709
Le froid, commença le 6 janvier 1709, et dura jusqu’au 24 dans toute sa
rigueur. Les semences furent anéanties. Le désastre fut si grand que les oeufs
de poule valaient aux environs de 25 et 30 sous la douzaine car les pondeuses
pour la plupart étaient mortes de froid, ainsi que les bestiaux dans les étables.
On voyait tomber, gelée la crête des volailles, quand celles-ci avaient survécu
au froid. Un grand nombre d’oiseaux, canards, perdrix, bécasses et merles moururent, qu’on trouvait dans les chemins, et sur les épaisses glaces et fréquentes neiges.
Sources : Histoire du climat depuis l’an 1000 Antoine Ladurie
https://editions.flammarion.com/histoire-du-climat-depuis-lan-mil/9782081451988
En 1709, toujours à Limoges, bon nombre d’habitants furent contraints de loger dans les caves et de cohabiter avec les rats. En 1765-66, les consuls de Limoges obtinrent de l’évêque qu’il permette les aliments gras quatre fois par semaine durant le carême, seul moyen pour les habitants de renforcer leurs défenses immunitaires éprouvées par un froid extrême.
En 1788-89, le froid fut tellement rude qu’il était devenu impossible de creuser la terre pour enterrer les morts. Les bières furent remises dans le sépulcre de Saint-Pierre-du-Queyroix et dans le caveau situé sous la nef. D’autres hivers remarquables ont été recensés en 1870-71, 1879-1880, 1892-93, 1914, 1929… et 1956, où l’on battit tous les records. En général, la Vienne formait une couche de glace de plusieurs centimètres d’épaisseur pouvant supporter, dit-on, le poids d’un tombereau attelé.
Sources : Le populaire du centre 19 février 2016
les revenus au XVIIIe Siècle
L’estimation des salaires est un sujet d’une grande complexité. En effet, les données restent trop souvent éparses et les informations disponibles concernent surtout le XVIIIe siècle. De plus, les modalités de paiement sont diverses et le taux des rémunérations est soumis à d’importantes variations géographiques ou saisonnières. Ces contraintes rendent difficiles les comparaisons rigoureuses entre les professions, les lieux et les époques. On observe une grande diversité des salaires et des gages, pour mémoire :
- 1 livre tournois = 20 sous (ou sols).
- 1 sou = 12 deniers.
Donc 1 livre tournois = 20 sous = 240 deniers.
Le prix du pain (1 livre = de 300 à plus de 600 g) :
1 pain de 4 livres : 8 sols en moyenne, mais 5 sols dans les années d’abondance céréalière et au moins 12 sols dans les années de mauvaises récoltes.
1 kg de pain blanc : de 0,40 F à 0,43 F de 1855 à 1913
Selon Vauban, pour une famille de manœuvrier (quatre personnes dont deux enfants), la consommation annuelle de blé, moitié seigle, moitié froment pour fournir du pain est de 10 setiers, soit environ 800 grammes par jour et par tête.
Pour comprendre et estimer le montant des salaires de l’Ancien Régime, il faut tenir compte de plusieurs critères :
- Le salaire des femmes et des adolescents est généralement inférieur de moitié à celui des hommes, et le salaire des enfants est inférieur de moitié à celui des femmes.
- À l’intérieur d’un même métier, les différences de salaires sont liées au degré de qualification.
- Les rémunérations des travaux agricoles de la pleine saison (de mars à septembre/octobre) sont supérieures de près du double à celles de la saison morte (de septembre/octobre à janvier).
- Les salaires sont plus élevés dans les villes et à proximité des centres urbains que dans les zones les plus reculées sans voies de communication.
- Selon les situations, le salaire était réglé à la pièce (tant pour un produit fini), à la tâche (tant pour la main-d’œuvre), à la journée de travail (de 10 à 13 h), à la semaine, au mois ou à l’année. Les salaires à la pièce, à la tâche et à la journée étaient rarement versés en argent liquide. Le plus souvent, le règlement était mixte : une partie en argent et le reste en denrées, en échange de biens ou en services.
- Enfin, dans certains cas, le salarié était logé, nourri et blanchi et il avait parfois droit à des avantages en nature (une paire de sabots offerte, par exemple).
Exemples de salaires à la tâche ou à la journée :
- Semailles et frais de labours pour un champ de montagne : 46 livres et 8 sols en 1774.1
- Labourage et frais de moisson pour un champ de montagne : 18 livres en 1775.1
- Dépense de fumier dans les vignes : 58 livres 16 sols en 1776.1
- Raccommodage des vitres d’une maison, puis faire à neuf celle du cabinet : 4 livres en 1741.2
- six journées à « aider à faucher au foin » : 2 livres 10 sous en 1741.2
- quatre journées à « aider à battre » (battage des céréales) : 2 livres en 1741.2
- sept journées à aider à refaire le mur du champ en 1741 : 7 livres 3 sous.2
- cinq journées de charron pour un chariot neuf : 7 livres en 1742.2
- une journée de menuiserie pour confectionner un buffet : 10 sous en 1743.2
- une journée pour coudre du cuir : 10 sous en 1745.2
- une journée de 10 heures de travail à entrer la luzerne : 20 sous en 1800 d’après le Journal de D. Boutrouë.
- quatre journées à scier et percer deux grandes échelles : 2 livres 8 sols en 1718.3
- cinq journées à rompre du bois en 1723 : 3 livres.3
- deux journées de travail pour abattre une loge en ruine : 34 sols en 1724.3
- une journée de maçonnerie pour enduire de chaux une cour : 15 sols en 1730.3
- Pour le charroi d’une charretée de foin : 15 livres en 1748.3
- une journée de couvreur à réparer une toiture : 15 sols en 1749.3
1 – d’après M. Dorigny
2 – d’après M. Vernus
3 – d’après Duchemin du Tertre